La libération de Strasbourg le 23 novembre 1944

Disputés entre la France et l’Allemagne, Strasbourg et l’Alsace changent quatre fois de nationalité entre 1870 et 1945. Le 23 novembre 1944, la ville de Strasbourg est assez facilement libérée grâce à une offensive rapide menée par le général Leclerc, l’un des principaux chefs militaires de la France libre durant la 2ème Guerre mondiale.
Nous allons vous présenter cette partie historique de notre ville à travers cette plaque commémorative proche de notre lycée. Celle-ci honore la mémoire du Brigadier-Chef Luc Coudert et du chasseur Jean Gros.

La consultation de la base de données des militaires décédés au cours de la 2ème Guerre mondiale nous apprend que Luc Coudert et Jean Gros sont nés tous les deux en Afrique du Nord, l’un en Tunisie en 1921, l’autre à Alger en 1923. Ils avaient donc respectivement 23 et 21 ans lorsqu’ils sont morts en combattant pour la libération de Strasbourg.
Appartenant au 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique, ils faisaient partie de l’équipage du char Touraine II. Les chars étaient en effet baptisés, ceux du 1er escadron avaient reçu les noms des provinces des Pays de Loire.

L’équipage du char était composé de la manière suivante :
Chef de char : Maréchal des Logis Marcel SEAUVY
Pilote : Brigadier-Chef Luc COUDERT décès suite blessures par éclats d’obus, évacué vers 3ème médicale.
Co pilote : Chasseur Jean GROS tué par éclat d’obus.
Chasseur : Christian LANGLOYS blessé au dos par éclat d’obus évacué vers 3ème médicale.
Tireur : Chasseur Antoine ROCCA blessure superficielle par éclat d’obus.


 

Le Journal de Marche et d’Opération du régiment nous révèle les circonstances de leur mort :

« 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique – 1er Escadron du Capitaine Humbert du HAYS – 3ème Peloton du Lieutenant Alfred CANEPA. »
« Jeudi 23 novembre 1944 […] l’Escadron reçoit la mission de rejoindre dans Strasbourg le Sous Groupement ROUVILLOIS en utilisant l’itinéraire Berstett – Vendenheim et la route nationale n° 63. Vers 12 heures, l’Escadron entre dans Strasbourg où il s’installe durant la journée sur la Bismarck Platz. Vers 16 heures, le Général (LECLERC) donne l’ordre au Capitaine de rejoindre avec 2 Pelotons le Lieutenant-colonel ROUVILLOIS (12ème Cuirassiers) devant le pont du Rhin.
Le départ s’effectue vers 16 heures 30, mais les 2 Pelotons ne peuvent arriver jusqu’au pont de l’Ill, le char de tête ayant été détruit par une arme anti-char située un peu avant ce pont. La nuit étant venue, il devient impossible de chercher un autre itinéraire. Le Général annule la mission et l’Escadron est regroupé aux abords de la Bismarck Platz […] »
(Renseignements communiqués par M. AUBOIN, webmestre dublog 12rcahistorique.canalblog.com/)


 

Croix de Lorraine.
Croix de Lorraine.

L’insigne présent au coin supérieur gauche de la plaque est celui de la 2ème Division Blindée. Il nous indique que le 12ème RCA faisait partie de cette division placée sous les ordres du général Leclerc.

La croix de Lorraine (insigne porté par De Gaulle) connue depuis 1940 est une croix à double traverse. Elle doit sa forme à la croix chrétienne à laquelle a été ajoutée une petite traverse supérieure. C’est le symbole de la France libre adopté par le général de Gaulle. Le symbole a été adopté ensuite par tous les Français libres et figure sur de nombreux insignes, monuments et timbres créés sous les gouvernements du Général de Gaulle. En 1972, la croix de Lorraine a été choisie comme motif du mémorial Charles de Gaulle. Les Français libres de l’époque sont identifiés à la croix de Lorraine, Les connaisseurs repèrent donc assez facilement les Français libres parmi les militaires de l’Armée de libération.
Par la suite, on retrouve la croix de Lorraine, sur de nombreux monuments aux morts français de la seconde guerre mondiale ainsi que sur de nombreux monuments en l’hommage de la Résistance intérieure. La croix de Lorraine a été logiquement le logo de tous les grands mouvements politiques gaullistes.
Dans une proclamation le 23 novembre 1944, le général Leclerc rappelle aux Strasbourgeois que la libération de leur ville constitue pour lui un double symbole : l’aboutissement de son serment de Koufra* et la libération de la capitale de l’Alsace annexée par le IIIème Reich. Il s’adresse alors aux Alsaciens en ces termes
«La flèche de votre cathédrale est demeurée notre obsession. Nous avions juré d’y arborer de nouveau les couleurs nationales. C’est chose faite.»

koufra

Ils tiendront ce serment en libérant Strasbourg le 23 novembre 1944.
Aujourd’hui, la fureur de la bataille s’est estompée et Strasbourg, siège de nombreuses institutions européennes est devenue le symbole de la réconciliation franco-allemande.
*Mais qu’est-ce que le serment de Koufra? La bataille de Koufra est une bataille de la Seconde Guerre mondiale qui eut lieu en Libye le 21 décembre 1940. Elle opposa victorieusement les troupes françaises de la colonne Leclerc à l’armée Italienne. À l’issue de la bataille, le 2 mars 1941, le colonel Philippe Leclerc prête avec ses hommes le
« serment de Koufra ».

flash

 

Auteures de l'article LA libération de StrasbourgJalé NASIBOVA et Raissa DALI – P4

3 réflexions sur « La libération de Strasbourg le 23 novembre 1944 »

  1. Merci pour ce magnifique travail de mémoire.
    Je suis née à Kehl; en 1948, d’un père militaire de carrière et d’une mère alsacienne.
    Je me souviens de ce pont de Kehl que nous franchissions pour aller voir notre famille rue de la Division Leclerc.
    Un détail me titille:
    Je revois la carcasse d’un char , tourné vers l’Allemagne, à l’entrée de ce pont.
    Je ne sais pas son nom.
    Etait-ce celui que vous citez?
    Il me semble que l’on m’avait raconté que c’était celui d’un Alsacien voulant être le premier à entrer en Allemagne.
    Mais les gens fabriquent souvent des légendes pour enjoliver l’histoire.
    J’ai quitté l’Alsace en 1956, au départ en retraite de mon père pour vivre dans le Sud-Ouest, sa région d’origine.
    Strasbourg reste une ville où je me sens chez moi.
    Les souvenirs d’enfance sont très puissants!

    1. Bonjour Madame,
      le char de l’article a été détruit entre le boulevard de la Marne et le pont d’Anvers.
      Celui auquel vous faites allusion se trouve au port du Rhin et a pris le nom de « char Zimmer ». Pour toutes précisions, vous pouvez suivre le lien :
      http://www.strasbourgphoto.com/char-sherman/
      La carte de la libération de Strasbourg avec photos :
      https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1XQlPzxPVJvK_j6mSijFZJqVBScY&ll=48.57241119005114%2C7.797353245483464&z=17
      Cordialement, JL Monnon

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