À l’occasion du festival européen du film fantastique de Strasbourg, les 2TCOM sont allés à la rencontre de Daniel Deshays, régisseur son qui a une filmographie très riche, le jeudi 24 septembre.
La conférence portait sur l’importance du son au cinéma, acuité qui ne laisse rien au hasard…
Le son… un sujet qui fait du bruit ?
Comment peut-on retranscrire les sons de la vie réelle tels que nous les percevons ?
Voilà la problématique qui travaille tout régisseur son qui se respecte.
En effet, chacun pense que l’image amène le son, mais d’après Daniel Deshays, nous ne pouvons pas avoir l’un sans l’autre pour comprendre… du moins inconsciemment !
Notre conscience d’écoute est divisée entre ce qui nous entoure et ce sur quoi nous sommes concentrés.
Un rendez-vous dans un bar avec quelqu’un : qu’entendez-vous le plus ?
Conversation ? Bruits ambiants ?
Notre cerveau nous permet de nous concentrer sur la conversation tout en filtrant les bruits qui pourraient nous paraître suspects (et oui, l’instinct de survie existe encore un peu en nous).
Mais la question que se posait déjà Jacques Tati était que faire entendre et que montrer au spectateur pour qu’il comprenne le geste important du plan ?
Tous les bruits présents ensemble n’attirent plus l’attention de l’individu sur rien. Dans la version original de « Stalker » de Tarkovski, il s’agit alors d’apprivoiser un certain blanc qui met du suspens et pousse le spectateurs à chercher ce qui va se passer, à le plonger dans la scène.
Le son fait circuler l’œil dans l’image, c’est de cette façon que David Lynch veut l’exploiter dans ses trams.
Mais avec un microphone… comment filtrer le son pour montrer le geste important au spectateur ?
Silence… ça tourne !
Au cinéma, les tournages s’effectuent souvent sur un plateaux, afin que les bruits extradiégétiques (extérieurs à la scène) ne polluent pas les sons intradiégétiques voulus.
Un dialogue important, un bruit de pas réverbéré, un claquement de porte : les perchmans doivent entrer en action !
Mais il n’est pas toujours évident d’obtenir les sons voulus, même à l’aide de perches ou de micros placés au plus près.
C’est pour cela que la plupart des réalisateurs travaillent grâce à des doublages pour les dialogues, ou que les sonorités sont monter au fur et à mesure par les techniciens.
Comme dans certains films de Marguerite Duras, il n’y a aucune synchronisation du son lors du tournage mais le montage des voix est fait en off.
Le son est donc un aspect très important dans nos films, il donne de la matière à l’image.
Aujourd’hui nous pouvons profiter de toutes les techniques développées pour faire ressentir une émotions, un geste, le temps qui passe… Alors que du temps du cinéma sans son, tout devait être surjoué pour faire passer une idée.
Mais il faut avant tout garder à l’esprit, d’après Daniel Deshays que : « il n’est de son que le sonore du geste » !
Elodie BAECHLER & Nicolas PANFINI 2TCOM
Tres instructif