Après le discours du Président Emmanuel Macron, lundi 16 mars, les français sont consignés chez eux en raison du Covid-19 et cela jusqu’à nouvel ordre. Ce confinement vient perturber les derniers mois de l’année scolaire, synonymes de période d’examens pour beaucoup d’étudiants. Comment vivent-ils cet enfermement, jusqu’alors inconnu des français ?
Afin d’en savoir plus sur le ressenti des élèves du lycée René Cassin, nous avons mené notre enquête auprès de deux étudiantes, Océane Didier, en deuxième année de Commerce International, et Djhanael Louisy, en deuxième année de BTS Gestion de PME. Toutes deux arrivent à la fin de leur cursus scolaire et auraient donc commencé la période de leurs examens courant mars. Avec cette annonce et comme pour beaucoup d’entre nous, toute leur organisation ainsi que leur quotidien ont changé. Poursuite des cours à la maison, par mail ou vidéo conférence, fermeture des magasins et des bars, séparation avec les amis ou même de la famille, elles ont dû s’adapter à ce nouveau mode de vie. Voici leurs témoignages :
– Comment se passe la première semaine de confinement ?
» C’est pas terrible… J’étais censée avoir tous mes examens oraux entre le 13 et 25 mars, ainsi qu’une soirée chaque week-end jusqu’à la mi-avril. En bref, un emploi du temps très organisé et bien ficelé, qui me procurait pas mal d’excitation mais qui tombe à l’eau d’un coup sans prévenir. Je suis complètement dégoûtée, j’aurais dû être en train de faire des supers trucs, et à la place je suis cloîtrée chez moi… D’autant plus qu’il recommence à faire très beau, le printemps étant ma saison favorite (j’ai le sentiment qu’on me l’a volée cette année…), et que je n’aime plus rester enfermée aussi longtemps à la maison comme ça pouvait être le cas quand j’étais plus jeune.
Depuis mes études supérieures, j’ai acquis une routine qui m’a poussée à être plus sociable. Je vis mal le fait d’être contrainte de ne plus voir mes amis pour une période indéterminée, et imprévisible. Si on avait su ça avant ou qu’on avait eu une journée supplémentaire pour s’organiser, on aurait sûrement fait une colocation tous ensemble durant le confinement. On avait déjà largement eu l’occasion de se transmettre le virus vu le temps qu’on passait en contact les uns des autres avant que tout soit fermé ! » Océane« Pour ma part, la première semaine de confinement s’est plutôt bien passée. Mes parents sont à la maison ainsi que mes soeurs ce qui nous permet de passer davantage de temps ensemble. On veille les uns sur les autres, c’est le point positif. » Djhanael
« J’essaye de garder un certain rythme même si, honnêtement, je l’ai déjà perdu en une semaine. Je travaille un peu sur ce que l’on nous donne dans le cadre de la continuité pédagogique, mais ça reste une petite partie de mon temps. Je mange, beaucoup. Enfin pas tant que ça en réalité, mais comme les jours sont très répétitifs, ça me donne l’impression de manger tout le temps ! L’avantage du confinement, c’est aussi que je peux enfin rattraper toutes les séries dans lesquelles j’ai du retard, tous les films qui sont sur ma liste et toutes mes lectures pas encore entamées par manque de temps ! Sinon je me tiens informée notamment par Internet, par le biais des réseaux sociaux et grâce au journal de 20h sur TF1, avec beaucoup d’espoir pour que tout cela s’arrête.
Je discute évidemment beaucoup avec mes amis. Nous avons créé un groupe de conversation Messenger où nous débattons sur plein de sujets, où nous faisons des hypothèses sur la suite des événements, où nous nous appelons régulièrement en vidéo, ou alors en audio pour pouvoir jouer en ligne tous ensemble le soir. J’ai d’ailleurs remarqué que les jeux en ligne sont très en vogue en ce moment, non seulement les jeux vidéos type battle royale comme Fortnite, Apex, Warzone (qui, heureusement, vient de sortir), League of Legends… mais aussi les jeux plus standards comme le Loup Garou ! Nous, on aime bien Skribbl.io, le Petit Bac et Battlelands Royale sur mobile. » Océane
« Pour occuper mes journées, je passe le plus clair de mon temps à travailler mes cours. Je me suis aussi remise au sport afin de me dépenser et d’évacuer mon stress suite aux événements actuels. » Djhanael
« Le point positif des cours à la maison, c’est qu’en-dehors des visioconférences programmées, on gère son temps comme on veut en autonomie ! Le désavantage, c’est qu’on gère un peu trop son temps comme on veut quitte à privilégier d’autres activités à la poursuite des cours… J’ai parfois du mal à m’y mettre, mais je me force car il ne faut surtout pas que je perde le niveau alors que j’étais si bien préparée pour attaquer très prochainement mes examens. Nous rencontrons forcément quelques difficultés face à cette situation inédite, la première ayant été de trouver une plateforme convaincante pour avoir cours en vidéo. Cela nous a pris une semaine et nous avons choisi Zoom, grâce à laquelle nous pouvons suivre nos cours de Management et de Gestion des Opérations Import-Export en se donnant RDV avec notre professeur. Ensuite, nous avons des groupes de conversation pour presque chaque matière sur WhatsApp avec nos professeurs, bien que certains d’entre eux soient plus à l’aise avec l’utilisation de cet outil que d’autres. Le tout premier jour du confinement, mes sœurs et moi avions de gros problèmes de connexion à nos ENT puisque bien sûr il n’y avait pas eu d’anticipation sur les serveurs, mais cela s’est arrangé par la suite. Une semaine après le début du confinement, je pense que les soucis principaux ont été réglés et que notre apprentissage peut se faire de façon plus optimale. » Océane
– Que redoutes-tu lors de la reprise des cours ?
« Ce que je redoute le plus, c’est d’avoir perdu le niveau que j’avais atteint et aussi bien sûr que les cours soient repoussés tard et que les examens empiètent sur mes grandes vacances. Mais cela sera forcément le cas puisque mon dernier examen était prévu le 15 mai… Après ça, j’étais censée être en vacances. Si proche du but ! C’est le plus frustrant. Les délais qu’on nous a communiqués jusque maintenant vis-à-vis du confinement me semblent malheureusement trop longs pour pouvoir faire autrement que de tout repousser à juin, au mieux… » Océane
« Ce que je redoute le plus pour la reprise des cours est le fait d’avoir perdu mes marques, que ce soit un peu la « course » pour les examens. J’ai aussi peur d’avoir régressé. » Djhanael
– Comment envisages-tu la période des examens ?
« Pour l’instant, je l’envisage assez mal. Je suis déçue de ne pas avoir pu passer mes examens qui étaient prévus cette semaine, je me serais déjà sentie plus soulagée ! Et sortir du cadre du lycée pour un si long moment, ça me fait peur car cela signifie aussi qu’il va falloir se remettre dans le bain rapidement à la fin du confinement pour être au top aux examens. Néanmoins, j’ai un bon niveau pour ma part alors je suis certaine que j’obtiendrai mon BTS malgré ma situation. Juste dépitée que cela puisse réduire les performances que j’aurais données en temps normal. J’ai en somme une autre inquiétude : les candidatures post-BTS. Je doute de pouvoir fournir tous les documents requis avant les dates limites si le confinement se prolonge davantage. » Océane
« Pour ma part, je n’ai jamais autant angoissé jusqu’à maintenant pour mon cursus scolaire. J’ai l’impression qu’on est un peu mis de côté. Je m’explique : à la télévision lorsqu’on évoque l’éducation nationale, on parle d’abord des élèves qui vont passer le Brevet ou le Bac. Certes c’est important, mais nous ? Ceux qui sont en études supérieures ? Nous n’avons pas réellement de réponse, on nous dit d’attendre. On essaie de se rassurer comme on peut mais c’est très compliqué… l’angoisse est omniprésente. » Djhanael
« Eh bien, déjà je vais passer le pas de ma porte et ce sera exceptionnel, sérieusement. Comme Raiponce la première fois qu’elle descend de sa tour. Je crois que tout comme toi, je me rendrai sûrement dans un bar pour trinquer à la fin du confinement avec ma bande de potes pendant l’happy hour (qui sera vraiment happy, pour le coup). Ce qui me manque le plus, ce sont les gens que j’ai l’habitude de voir au quotidien, mon cercle intime d’amis. Il n’y a aucun doute sur le fait que je serai en route pour les retrouver dès que l’annonce sera faite, je dirais même que je serai valise en main dès que Macron prononcera (pour la première fois et non au bout de la troisième) les mots : La guerre est terminée. » Océane
« La première chose que je ferais sera de retrouver mes amis. » Djhanael
Par Elodie Zen et Marie Flamant, élèves de 2TCOM.