Depuis plusieurs années, Mme HAMANN occupe le poste de CPE et depuis la rentrée 2019, elle est CPE au lycée René Cassin. Un métier qu’elle exerce depuis désormais une vingtaine d’années. Pour le D-Plumé, elle revient sur son parcours et ses motivations et nous parle de son expérience en tant que CPE.
Expliquez nous votre parcours professionnel.
J’ai fait un bac ES, puis deux ans de Khâgne et Hypokhâgne BL (Lettres et Sciences Sociales). J’ai ensuite commencé à travailler à temps plein en tant que surveillante, tout en continuant mon cursus à la fac de sociologie pendant 3 ans, où j’ai obtenu une maîtrise de sociologie.
Pourquoi avez-vous choisi cette voie ?
Après ma maîtrise, je ne savais pas vraiment où m’orienter. Je ne voulais pas faire de recherche, et j’avais en sociologie peu d’autres débouchés. Pour garder mon poste de surveillante, il fallait soit que je sois inscrite dans une fac, soit que je passe un concours de l’Education nationale. J’ai alors décidé de me laisser un an de réflexion tout en travaillant, et je me suis inscrite au CNED pour préparer le concours de CPE. C’était un métier que je côtoyais quotidiennement depuis des années, qui me semblait intéressant et surtout pas répétitif, tout en ayant un attrait « humain ». Je l’ai passé cette année là, et je l’ai eu.
Et qu’aimez-vous particulièrement dans votre travail ? ou au contraire, qu’est-ce que vous trouvez désagréable dans votre métier?
Selon moi, le premier attrait de mon métier est la diversité : on fait beaucoup de choses différentes, des tâches administratives et d’autres beaucoup plus sur le terrain. Le rapport avec les élèves, le travail d’équipe, sont des attraits incontestables. On se sent vraiment utile. Aucune journée ne se ressemble, et surtout ce métier est très différent selon l’endroit où on exerce.
Il peut y avoir des côtés désagréables, qui touchent surtout à des organisations internes qui dysfonctionnent et sur lesquelles nous n’avons pas de prise. Heureusement, ça ne m’est jamais arrivé dans ma carrière, mais j’ai parfois des échos de collègues qui vivent des situations compliquées. Et comme on travaille beaucoup sur l’humain, il se peut qu’on ait à traiter des situations sociales graves pour lesquelles un recul est nécessaire. Il faut sans cesse trouver un équilibre entre empathie et neutralité.
Souhaitez-vous évoluer un jour dans un autre domaine ? Dans ce cas lequel et pourquoi?
Je commence à me poser la question, mais lorsqu’on est CPE, il n’y a pas beaucoup de possibilités d’évolution, si ce n’est passer le concours de recrutement de chef d’établissement, et pour le moment je n’en ai pas envie. Quant à un domaine totalement différent, c’est tentant mais les ponts entre ministères sont rares, et les postes aussi. Changer totalement de voie devient alors un vrai projet de vie à budgéter. Ce qui est certain, c’est que ce métier est usant et qu’à part changer de poste, il y a peu de possibilités de changement.
Pourquoi travailler au lycée René Cassin?
J’ai travaillé 17 ans dans un collège de ZEP. Il était temps pour moi de voir autre chose, de travailler autrement. Passer au lycée et notamment au post bac était un challenge et une envie. Et c’est de fait extrêmement différent.
Pour terminer auriez-vous un moment à nous partager ou une anecdote sur votre travail (Comme un problème auquel vous auriez déjà dû faire face) ?
Difficile de n’en retenir qu’une… Et j’ai plutôt tendance à retenir le positif que les problèmes, puisque les problèmes sont au cœur de mon métier, je passe mes journées à les « régler ». Quand on est CPE on est un peu au centre du système éducatif, le vecteur entre les élèves, les profs, les parents et l’administration. Si je devais retenir une anecdote, ce serait celle d’un élève que j’ai suivi lors de son année de 3e il y a quelques temps déjà. Il était hyperactif, très angoissé par son orientation et son avenir. Il passait tout son temps dans mon bureau à me parler de tout ça, et moi je tentais de le recadrer. Il était par moments insupportable et en même temps très attachant. Quand il a eu son brevet et son orientation en lycée, j’étais rassurée et fière, aussi, d’avoir réussi à l’accompagner dans ses doutes et sa gestion comportementale. C’est ce genre d’anecdote là que je garde, ce sentiment d’avoir été utile.
Rédigé par Anissa Abarkan et Julie Andres